Comment est née l'idée de "Maisons Nomades" ?
Suite à des années de rénovation de maisons anciennes, je constatais à la fois la lourdeur matérielle et financière des travaux engagés ainsi que le temps colossal nécessaire à leur réalisation… Tout ceci pour la création peu économe, malgré l’orientation écologique donnée aux chantiers, de logements devenu inaccessibles à la bourse de la plupart d’entre nous.
Une certitude me chatouillait régulièrement… celle que d’autres modes constructifs devaient être possibles, plus écologiques, plus humains, plus accessibles. Le projet est donc né avec ces objectifs simples : faire rapidement une habitation légère, intelligente, économique et écologique :
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Rapidement, parce que j’en avais assez de passer autant de temps dans des travaux lourds pour un simple nid… pas si original et lumineux que ça en plus…
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Une habitation légère, puisqu’elle induit une économie de matériaux, donc d’argent et… d’énergie fossile cachée (énergie dite grise). Cette légèreté permet également une construction modulaire qui rend la maison déplaçable assez simplement… un sacré atout dans certaines situations.
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Intelligente parce qu’il y a dans la réflexion d’un projet une réelle possibilité de simplifier les processus constructifs, le montage, le placement des différents éléments, etc., etc. Cette réflexion préalable est une réelle source d’économie de moyens et de temps. Cette réflexion peut également intégrer des priorités plus individuelles que l’on souhaite définir pour le projet en termes de structuration de l’espace nécessaire. Elle intègre également les priorités existentielles : budget pour se loger, temps consacré à son habitat, choix architecturaux intégrant des espaces modulables en fonction des activités journalières et des habitudes de vie.
De ces différentes priorités sont directement issus les aspects économiques et écologiques du bâtiment…
Le bonheur d'édifier
Notre bonheur est lié à notre capacité à modeler notre environnement de façon créative. Nous sommes pour la plupart d’entre nous des créateurs, des bâtisseurs de rêves… et ceux qui ne le sont pas encore, rêve de le devenir. Etre capable de bâtir son nid est quelque chose de puissant, d’archaïque (voir « L’île des gauchers » d’Alexandre Jardin par exemple). La joie à édifier des murs, un toit est quelque chose d’inoubliable, accompagnée si nécessaire de la bienveillance de ceux qui l’ont déjà fait…
Un projet innovant, oui mais en quoi?
Peut-être imaginez-vous qu’en tant que concepteur d’une structure modulaire, emboîtable et déplaçable, c’est ce système que je considère comme innovant… Pourtant, non, l’innovation est ailleurs et elle ne m’appartient pas : imaginez plutôt : un groupe d’amis s’est formé pour bâtir un éco-hameau de dix habitations légères. Le bois commandé deux à trois mois plus tôt est arrivé il y a peu sur le site. En quelques jours, l’ensemble des pièces pour les 10 modules a été conçu, les quelques jours suivants serviront à édifier les 10 ossatures, il restera alors à animer chaque cadre formant les parois de l’habitation en clair-obscur, à concevoir leur peau extérieure (bardage, etc.) ainsi que leur peau intérieure. Ces cadres seront votre œuvre découvrant en tableaux quelques jardins poétiques, une structure murale tissée, un mur végétal, que sais-je ? Si vos choix sont rationnels et économiques, votre éco-hameau de 10 modules sera terminé en trois mois et vous aurez même le temps peut-être de commencer une phytoépuration, une salle de bain et des toilettes sèches pour les habitants du lieu… en plus, on va pouvoir parler d’autres choses que de maison pour longtemps ! Quelle joie ! Que de temps pour échanger entre humains, peut-être créer une fresque, un vitrail, contempler cette nature, juste là, que vous aurez su ne pas contraindre avec de lourdes dalles en béton… Désormais, vous êtes libres de la nécessité d’avoir un toit, il est là, ici c’est votre nid !... Lieu d’accueil, lieu de solitude et de ressourcement, lieu de gestation de nouveaux projets, l’essentiel est bien que le projet d’habiter n’ait dévoré toutes vos forces, votre énergie et votre argent. Votre créativité le mérite bien : c’est une farce à laquelle vous ne croirez plus jamais : celle qu’un toit mobilise entre 30 et 50% (voir plus) de votre temps et de votre argent… Combien d’éco-village se sont usés à force de rénover, bâtir, transformer des habitations d’un autre temps, dites-le moi ?
Pour moi c’est cet affranchissement des lourdeurs liées au fait de se loger qui est réellement innovant.
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Ode à l'habitat léger
Un habitat léger…
Une coquille, une tente, un habitat naturel… pour une vie au ras de terre, avec beaucoup de temps pour laisser son cœur aller voyager vers en haut… vers en bas… vers le Vivant…
Une coquille naturelle, vite montée là où tu veux, là où tu peux, là où on te laisse vivre…
Pas besoin de grand-chose : un arbre, 50m² de champs et voilà ton lit au pré….
Chaque côté de ta coquille tu la modules, tu la sculptes, tu la modèles, tu l’inventes,
On te propose l'idée, tu fais ton œuvre …
Ta coquille ne te coûte pas fortune, ni un temps infini…
Tu arrêtes de penser que ton habitat te pèse…
C’est juste ton droit, ta chance d’habiter un lieu plein de charme, un écho de ton Être,
Un reflet de ta vie libre et colorée.
Toilette sèche, savon et lessive bio, voilà que tout est recyclable, que tout retourne simplement à la terre, non pour l'impacter, mais pour la nourrir.
Ton habitat ne pèse pas lourd et toi non plus : ton bonheur , ta liberté est ta légèreté. Acceptée, voulue, choisie…
Une sobriété heureuse, c’est si beau, si nécessaire. Arrête d’exister en pesant, rends-toi compte du ridicule de nos prétentions. Offre-toi la légèreté, offre-toi le temps de nouvelles rencontres, d’échanges, de partages de connaissances nouvelles, d’intelligences qui te libèrent vraiment…
Ce qui pèse à la planète, n’en doute pas, te pèse aussi.
Avec ta coquille, toujours perfectible dans sa nature écologique, tu utilises, premier geste, beaucoup moins de matériaux que pour une « maison » d’avant… Mais tu utilises aussi l’intelligence humaine qui a développé des manières très efficaces d’économiser l’énergie.
Tu es léger, tu as osé aller au-delà des à-priori, des vieilles croyances.
Tu ne te réfères plus à l’histoire des trois petits cochons, ta nature d’ange te l’interdit et te fait oser…
Ta maison n’est pas une parade, une barricade. Elle s’ouvre à toi et aux autres…
L’ennemi est intérieur, il est égoïsme. Le partage, le don sera à jamais la seule issue à tes manques.
Tu as besoin de lumière, éclaire ton intérieur autant que tu le souhaites. C’est chez toi…c’est ta coquille…
Et si tes envies changent : change de peau, fais-la plus transparente, plus détendue.
Avec ta coquille, la terre peut trembler tant qu’elle veut rien ne peux s’écrouler dans la légèreté…
yves
A votre service... mais de quelle manière?
Passerelle Eco m’a demandé d’exprimer clairement mes attentes dans le cadre de ce partage d’informations, en précisant de quelle manière je souhaite être rémunéré…
A vrai dire, mon avidité est énorme, et il y a bien longtemps que le salaire des hommes ne me suffit plus : j’entends désormais être payé du salaire de l’Homme dans sa grandeur…, sinon, rien, merci. Sans vouloir offenser qui que ce soit, bien sûr !
Qu’est-ce que peut bien être le salaire de l’Homme ? Qu’imaginez-vous ? C’est vaste… Pour moi ça peut être des rencontres, des échanges dans cette bienveillance qui met en confiance que quelque chose sera transmis de part et d’autre. Ca peut être de l’argent aussi dans sa fonction de valeur d’échange dans le monde de la matière. Ca peut bien sûr être des échanges de savoirs, de services. Ca peut être aussi la simple joie de participer à des projets qui ouvrent de nouvelles pistes à un monde affranchi de ses dépendances et pathologies actuelles. Ca peut être l’occasion de se faire des amis qui seront en joie de nous accueillir à l’occasion, et bien d’autres choses encore !
J’aime cette petite histoire : un pêcheur endormi dans sa barque, sa ligne à l’eau, est interrompu dans sa rêverie par l’ami qui l’accompagne : « tu devrais t’acheter un plus gros bateau pour pêcher plus rapidement une plus grande quantité de poisson ! » et le rêveur de questionner : « et après » « et après, avec le produit de ta pêche tu pourrais engager du personnel et acheter un autre bateau… » « et après ? » « après tu serais riche et tu pourrais t’acheter une belle voiture, une grande maison » « et après » « et bien après, à la retraite, tu pourrais jouir de tes biens et te reposer tranquille ! » « ah oui » répond le pêcheur, « c’est ce que j’étais en train de faire… »
L’écologie profonde est cette capacité à se questionner sur nos besoins les plus inassouvis et donc les plus criants… Tendons l’oreille ! Car notre surdité en la matière est parfois… profonde! Et la réponse à ces besoins, bien pauvre et décalée.
Personnellement, mon aspiration sincère est d’être en Joie, de vivre calmement une joie profonde… Et comment donc cette aspiration peut-elle s’inscrire dans l’action… de construire des « Maisons Nomades », par exemple? A mon sens, elle s’inscrit à la fois dans une action sans attente, sans programme prédéfini et dans une attention vive à ce qui émerge et naît juste là. Ce type d’action est peu prévisible et répond non pas à une volonté propre mais à celle de l’Homme Présent… et bien, oui, il faut savoir de qui nous voulons obtenir salaire ! L’attention vive dont je parle est un regard porté vers ce qui est fluide, intelligent, humain, chaleureux, au service de l’homme, … une sorte d’intuition vers ce qui porte sens.
Donc, oui, cette action est motivée différemment des autres, oui, elle va à l’essentiel de nos aspirations les plus précieuses et oui, elle ouvre de nombreux possibles.
Concrètement, je reste libre de mon temps et j’irai là où bon me semble, avec les outils qui me sont aujourd’hui disponibles… (dont la visseuse pour planter les vis de fondation… mais aussi d’autres !)
Et surtout, surtout, je veux dire ma confiance en la capacité de chacun à construire bien plus qu’une simple maison, nomade ou pas : les Plans nous sont d’abord cachés, c’est vrai, mais un jour nous finissons par les recevoir et l’œuvre prend alors forme !
A la joie de votre créativité, à celle de la co-création, de tout cœur.
Quelques points que je serais heureux de voir aboutir en co-création :
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Elaborer des solutions pouvant mener vers une autonomie énergétique (murs trombes, panneaux solaires, etc.) et alimentaire (développement d’une serre sur un ou plusieurs côtés).
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Elaborer de nouvelles solutions de couverture/toiture.
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Etudier poste par poste les solutions plus économes envisageables afin de diminuer le prix de revient de cette maison nomade.
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Faire une étude énergétique approfondie afin de pouvoir chiffrer les avantages écologiques de cet habitat léger.
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Envisager tout autre développement auquel je n’ai pas encore pensé !...
Adopter la modernité lorsqu'elle sert notre liberté
Ni trop grand, ni trop petit,
Ni trop lourd, ni trop léger,
Ni trop cheap, ni trop cher…
Pour s’affranchir efficacement et poétiquement des astreintes liées à l’habitat, il est nécessaire de bâtir rapidement et surtout, que l’habitat choisi soit durable… Car commencer plusieurs fois un chantier rapide…ça prend du temps finalement… en plus de prendre la tête ! Quelques matériaux récents me paraissent incontournables ainsi que quelques matériaux ancestraux comme le bois pour sa souplesse, solidité et ses ressources renouvelables et le métal (le moins possible) pour des applications précises.
Les matériaux récents :
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Le verre en double ou triple vitrage, intelligemment utilisé va permettre d’y voir clair de l’intérieur, ce qui est bon pour le moral, et même de se chauffer partiellement (bioclimatisme, murs trombes, chauffage solaire thermique). Le verre a un coût actuellement accessible, certes à cause du prix bas de l’énergie nécessaire à sa fabrication… Le prix d’un cadre vitré n’est pas beaucoup plus cher que celui d’un cadre isolé avec de l’isolant acheté.
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Les pare-pluie et frein-vapeur permettant de faire un complexe isolant performant qui compense la faible épaisseur de l’isolant dans notre habitation légère : 30cm du meilleur isolant sans parois perspirantes soigneusement posées de part et d’autre de l’isolant ne seront pas plus efficace qu’un complexe isolant de 10cm bien étanche. Et lorsque l’ont connaît l’importance de ces deux couches perspirantes, on peut arriver à de très bons résultats avec 10 à 15 cm d’isolant et une mise en œuvre adéquate.
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Un minimum de produits synthétiques et donc polluants est nécessaire pour l’exécution de joints étanches (joints polyéthylènes, colles polymères et autres, sangle de chapiteau). Des solutions plus coûteuses mais plus écolo existent souvent.
Pourquoi ne pas isoler plus? Pourquoi cette taille?
Très souvent ces questions me sont posées, alors voilà… si vous appliquez à un HL les épaisseurs d’isolation nécessaires à une maison respectant les normes imposées à l’obtention d’un permis de construire… votre maison risque de n’être plus nomade du tout ! Et vous verrez que le bilan énergétique global et financier de l’opération va s’alourdir dans des proportions inattendues… rendant du même coup ce petit habitat modeste et génial assez banal…et inintéressant (autant s’orienter dans ce cas vers une maison ossature bois classique) Tout est à revoir : fondations, sections de bois, budget, mobilité, etc., etc.
C’est pour cette raison également que je ne suis pas prêt à faire les plans d’une maison nomade plus grande : les sections de bois sont à changer, la portabilité des différentes pièces est compromise. Plutôt accoler plusieurs modules et rester dans une légèreté et une sobriété heureuse !
Des modules plus petits sont envisageables : pour une surface moitié moins importante, il vous faudra utiliser pourtant environ les deux tiers des matériaux nécessaire à un module de 34.9 m² (explication de cette surface habitable précise sous l'onglet "Règlementation"). Le coût au m² est donc pénalisant pour les petites surfaces aux parois pas si petites que ça et aux déperditions proportionnelles à ce coût et ces surfaces… faut-il le préciser !
Une possibilité intéressante à envisager cependant: faire des cadres et piliers plus haut de 70cm à 1m env. afin de pouvoir dégager une mezzanine sur une partie de la surface habitable, permettant ainsi de libérer le rez-de- chaussée de l’espace nuit.
Ni trop grand, ni trop petit,
Ni trop lourd, ni trop léger,
Ni trop cheap, ni trop cher…
Voilà ce qu’il est judicieux de viser…
Et la seule énergie à ne pas économiser est celle de notre cervelle !